Cette étude s’appuie sur les données anonymisées d’un portefeuille géré par notre partenaire CGRM (filiale du cabinet de courtage SPVIE Assurances) pour les soins réalisés en 2019 et 2020.
Le portefeuille analysé est composé de 323 720 bénéficiaires dont les caractéristiques sont les suivantes :
Baisse de 6% des dépenses de santé facturées entre 2019 et 2020
Au global, entre 2020 et 2019, les dépenses de santé ont baissé de 6%, en lien principalement avec le trou d’air lors du premier confinement. L’effet de rattrapage qui a suivi n’a pas suffi à retrouver les niveaux de 2019. Rappelons qu’historiquement les dépenses de santé augmentent chaque année.
Le deuxième confinement étant moins strict, il n’y a pas eu de baisse des soins comme lors du premier.
Une baisse sur presque toutes les catégories de soins
Toutes les catégories de soins sont en baisse à l’exception des échographies, des dopplers et des radios. Aux effets du confinement strict du printemps 2020 se sont ajoutées les déprogrammations de certaines interventions. Le domaine hospitalisation-chirurgie a subi en effet l’une des plus fortes baisses, avec l’optique et les analyses. Rappelons que les sinistres ne contiennent pas les actes remboursés à 100% par l’assurance maladie comme les tests de détection du Covid-19.
La hausse de la fréquence des actes attendue avec l’entrée en vigueur de la réforme du 100% santé n’est pas constatée à cause des impacts plus significatifs du Covid-19.
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Hausse du nombre d’actes dans les régions les plus touchées
L’analyse des données par région fait ressortir de fortes disparités, liées notamment à la sévérité de l’épidémie dans certaines zones. Le nombre d’actes par bénéficiaire est ainsi en hausse dans les régions les plus fortement touchées par le Covid-19 tandis qu’il recule dans toutes les autres régions. Le repli du nombre d’actes par bénéficiaire est également plus marqué dans les régions qui ont été relativement épargnées lors de la première vague en mars-avril 2020. C’est tout particulièrement le cas en Bretagne.
L’effet du Covid-19 apparaît clairement aussi en analysant la nature des soins. Dans les régions les plus exposées à l’épidémie en 2020, c’est l’augmentation des actes d’hospitalisation, de médecine, de radiologie, les échographies et dopplers et enfin les analyses qui entraîne une hausse globale. A l’inverse, dans les régions les moins touchées, ces actes sont en baisse, ce qui illustre bien le phénomène de déprogrammation des soins liés aux maladies autres que le Covid-19.
On remarque que dans la région des Hauts de France, les dépenses ne ressortent pas en hausse. En effet, c’est en 2021 que la région a été plus sévèrement touchée par l’épidémie.
Les personnes de plus de 65 ans qui ont plus fréquemment recours à l’hospitalisation ont été plus fortement concernées par la déprogrammation des soins non liés au Covid-19. C’est pour ces catégories d’âge que l’on observe les plus fortes baisses du nombre d’actes.
Conclusion
Cette année exceptionnelle a donc entraîné une baisse des dépenses de santé facturées (hors remboursement à 100%) de 6% pour l’assurance maladie et les organismes complémentaires.
Il est clair que cette baisse est conjoncturelle et que les contrats santé recommenceront à être inflationnistes, sauf peut-être si les Français reproduisent les gestes barrières dans les périodes où des virus plus habituels circulent.
Cette baisse des dépenses de santé ne peut pas être vue comme une bonne nouvelle pour les assureurs. Il est fort probable que le Covid-19 et ses effets secondaires (déprogrammation des soins, effets psychologiques des confinements répétés) entraînent une hausse significative des arrêts maladie, invalidité et décès. S’ajouteront également les effets des retards de diagnostics durant la période de l’épidémie. D’après la Ligue contre le cancer, près de 93 000 cancers n’ont pas été diagnostiqués en 2020. Avec le rebond des contaminations depuis 2021, la complexité pour les patients d’accéder aux soins devrait perdurer.
Il est probable que les régions Ile de France et Hauts de France, en tête des régions les plus touchées lors de la deuxième vague, soient en forte augmentation entre 2020 et 2021 dans les catégories de soins nécessaires au diagnostic et au traitement du Covid-19.
Ces différences par région pourront expliquer des résultats en ordre dispersé des contrats collectifs santé en fonction de l’implantation des entreprises.
Il faudra davantage de recul par rapport à cette épidémie pour analyser l’impact de la stratégie de priorisation de la Covid-19 dans les hôpitaux. Aujourd’hui, il est trop tôt pour mesurer une augmentation de la mortalité pour des maladies comme le cancer mais il est possible qu’elle soit significative.