La France tient une place confortable sur le marché mondial de l’assurance*, mais elle accuse un retard en matière de dématérialisation et de diversité des propositions en ligne offertes par les compagnies d’assurance, selon une étude récente de l’agence D-Rating. Ainsi, si les assureurs, en France, ont commencé à répondre à l’appel de la digitalisation, leurs offres et leurs process ne sont pas encore à la hauteur des attentes des clients.
L’assurance-vie, champ d’action initial de la Fintech
L’assurance-vie est le premier produit à s’être digitalisé en France. Les premiers acteurs ont émergé au début des années 2000, avec les banques en ligne. La digitalisation de ce marché et la progression de la souscription en ligne sont dues notamment à des partenariats noués entre acteurs historiques et Fintech spécialisées dans l’assurance vie.
Le marché de l’épargne aiguise en effet l’appétit des startups. Filib’, une nouvelle marketplace sur Internet, a l’ambition de « rendre la gestion de patrimoine accessible à tous ». Ses dirigeants, dont Nicolas Schimel, ancien Directeur Général d’Aviva France et co-fondateur de Filib’, parlent même de « démocratisation de la gestion de patrimoine ». Filib’ rassemble à la fois des spécialistes certifiés et reconnus et un environnement qui garantit une expérience utilisateur de qualité : engagements clairs sur les prix et les gains attendus, choix d’un professionnel par le client (et non l’inverse), absence de formulaire en ligne, gain de temps et paiement uniquement en cas de satisfaction. Cette approche permet, selon les fondateurs, de faire baisser les prix, d’apporter la confiance nécessaire sur ce marché et d’inventer un nouveau partage de valeur qui soit durable pour toutes les parties prenantes.
Si les acteurs historiques du marché fabriqueront toujours les produits, la distribution semble devoir être de plus en plus externalisée via les Fintech, qui permettent de fluidifier la souscription en ligne notamment sur les smartphones. Les Regtech déploient également des technologies permettant de faciliter le respect des dispositions réglementaires. Lidix propose pour sa part une plateforme de services dédiée à la digitalisation de l’assurance-vie. Ses modules « actes de gestion » aident à repenser le front client multidevice, tout en respectant les directives des services juridiques et compliance.
Le digital permet aussi le développement des modèles prédictifs en assurance vie. Au Canada, Humania Assurance, avec sa plateforme intelligente HuGO, permet l’automatisation de la sélection des risques et une grande rapidité de traitement des dossiers.
Combiner robo-advisor et intervention humaine
Système de gestion automatisé qui permet d’assurer la gestion d’un portefeuille de produits financier en ligne, le robo-advisor optimise le couple rendement/risque du portefeuille en fonction du profil du client et de l’évolution du marché. Les robo-advisors apportent une réelle optimisation des process et accélèrent significativement le déploiement digital de l’assurance-vie, par exemple :
- Profilage client. Sur la base des réponses fournies à une série de questions, ils définissent les profils de risque. Cela permet au robo-advisor de cadrer les objectifs ainsi que la tolérance au risque.
- Détermination de l’allocation. En fonction du profilage client, le robo-advisor propose une allocation préliminaire.
- Réalisation des arbitrages. En fonction de l’évolution des marchés, le robo-advisor propose ou réalise les arbitrages.
- Traitement des reportings. Des interfaces en ligne de souscription et de suivi de portefeuille permettent de suivre facilement les avoirs et de réaliser des retraits/versements complémentaires, changer de profil, d’obtenir des statistiques détaillées sur l’évolution des portefeuilles en temps réels.
Cependant, si les premiers acteurs américains, Betterment et Wealthfront, ont à l’origine opté pour un modèle 100% automatisé, ils ont récemment fait évoluer leurs offres vers plus de services humains. En France, peu de robo-advisors sont automatisés à 100% et beaucoup font encore le choix de faire cohabiter modèles algorithmiques et traitements humains.
* en 5ème position après les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la Chine.